jeudi 14 novembre 2013

étape 4 : refuge elisabetta - chalet bertone

 dimanche 28 juillet

9 h    + 1 100 m    - 1 300 m


  Sous un ciel bouché, je quitte le refuge à 7 h 30 par une descente rapide suivie d'une longue ligne droite et plane, un peu surréaliste dans cet univers généralement tortueux.









  Parvenu au pied du glacier du Miage, je quitte le GR, franchis le torrent et pars escalader la moraine cachant le lac. Le sentier est rude, peu visible ; les cailloux roulent sous mes pas. La pente du talus est à 100 % et je ne suis pas très rassuré à l'idée d'affronter tout à l'heure le retour. Après une demie-heure d'effort, j'atteins la crête. Des cailloux, des rochers, pas de lac. Il faut poursuivre encore dans ce paysage lunaire, non balisé, sous un ciel gris et seul. J'estime l'entreprise trop risquée voire dramatique en cas de chute dans cet endroit non fréquenté et je fais demi-tour. Dans la descente, attentif où je pose les pieds, je pense que ç'aurait été malin de laisser mon sac au bas de la moraine au lieu de le hisser avec moi.








  Il faut donc croire que je suis en harmonie avec le paysage ce matin - c'est à dire un peu embrumé - car je ne repasse pas le torrent et je poursuis sur la petite route en rive gauche, descendant tranquillement et confortablement alors que le GR grimpe de l'autre côté, en rive droite. Je finis quand même par me ressaisir et, après quelques égarements, je rattrape le chemin peu avant le col de Chécrouit où un café achève de me réveiller ; il est 11 h 15.















  En repartant, dilemme. Des panneaux et ma carte indiquent la poursuite du chemin par la droite ; presque tous les randonneurs partent à gauche comme c'est mentionné dans mon guide. Brève hésitation et j'opte pour la carte qui me conduit un quart d'heure plus tard dans l'impasse. Le tracé est bien présent mais tellement tombé en désuétude qu'il s'évanouit dans l'alpage. Il y a des jours, comme ça, et ce n'est pas fini... mais j'anticipe... Donc, repassage par le col puis traversée du hameau de Plan Chécrouit orné de sa surprenante variété de chapeaux de cheminée, et enfin une longue descente redoutée conduisant par de nombreux lacets à Dolonne. En face, sur l'autre rive de la Doire, Courmayeur, à 1 220 m,  toute petite ville d'eaux et de sports d'hiver, m'attend avec sa propreté, sa richesse, ses banques et ses chalets. On se croirait en Suisse, on est en Italie.










  Dans les randonnées, on va chercher les aventures .Ce qui vient tout seul, ce sont les mésaventures. En effet, depuis hier et le passage de la frontière, mon téléphone n'est plus reconnu par le réseau bien que l’opérateur m'informe par SMS qu'il m'accompagne en Italie. Je ferai donc avec ce soutien moral. Aujourd'hui, la surprise est encore plus grande et surtout gênante : 3 distributeurs de billets viennent de refuser ma carte et il ne me reste pas 100 € en poche. Je maudis les banques - fermées en ce dimanche - les cartes bancaires et l'Europe pour faire bonne mesure (la libre circulation ne devait-elle pas s'en trouver facilitée ? je ne parle pas des capitaux, là) avant d'aller manger un repas dont la hauteur de la facture dépasse amplement la hauteur du plat ! Je paie par carte puis je me lance vers le refuge Bertone. S'ils acceptent ma carte, je continuerai, sinon je redescendrai en ville demain pour aviser auprès d'une banque. Il y a des jours comme ça...

  La sortie de Courmayeur se fait sur une route à travers une zone d'habitations cossues que prolonge un chemin très raide, raviné, exténuant par cette température de 28 °C, et fréquenté par des vététistes se croyant seuls usagers du sentier. Celui qui m'était destiné, déboulant en face sans visibilité suffisante, s'est étalé 5 m avant l'impact ! Il y a des jours comme ça...








  Enfin, peu près 16 h, me voici au chalet Bertone (1 990 m). L'endroit est charmant, placé en avant-poste d'un promontoire, plongeant sur Courmayeur et le Val d'Aoste. Le Mont-Blanc, en revanche, difficile à identifier depuis ce versant constellé d'aiguilles et de pics, joue à cache-cache avec les nuages blancs accrochés, comme pour dire que le chemin est encore long avant de le mériter. Bonne surprise au gîte : je peux payer par carte et j'apprends qu'il en ira de même dans les autres refuges italiens. En France, ce n'est pas possible pour ce que j'en ai vu. Est-ce par souci environnemental (pas de ticket à imprimer), par amour du fiduciaire (sonnant et trébuchant) ? En tout cas, merci à la chance qui a fini de me jouer des tours. Soulagé après les péripéties de cette journée,je goûte la qualité du gîte et celui du repas pris en compagnie de Liégeois.
  Il y a des jours comme ça...












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire